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Visite du tombeau Montgomery à Chevreuse Printemps des cimetières mai 2024

A l’occasion du Printemps des Cimetières, qui s’est tenu les 26 et 27 mai 2024, CEeP a participé à la mise en valeur du patrimoine funéraire local. Lors de 4 visites, 92 personnes se sont réunies, guidées par une adhérente de CEeP, pour se faire conter l’histoire du Domaine du Claireau.

Le tombeau fut construit pour ensevelir Henry Georges de Pembroke et Montgomery, fils d’un Lord anglais et d’une danseuse à l’Opéra de Paris. Naturalisé français à ses 21 ans, il mène une carrière de diplomate à travers l’Europe. En 1884, il est mis à la retraite par Jules Ferry. Il dédie désormais son temps à l’art et surtout au cheval.

A la fin des années 1890, avec sa sœur Marie-Jeanne, Henry Georges achète le domaine du Claireau pour s’y établir. Il a le projet de s’y faire construire un manoir. L’ancrage local de Henry Georges est confirmé par son mariage avec Lucie Ditte, fille du maire de Saint-Rémy-lès-Chevreuse.

Mais en 1900, le diplomate français décède soudainement des suites d’une embolie pulmonaire, à l’âge de 55 ans. Sa femme et sa sœur lui font alors construire un tombeau de style néo-antique, dans la pure tradition classique, sur le domaine qu’il chérissait tant. De couleur blanche, sur un espace arasé et imposant par sa taille, le tombeau de la famille Montgomery domine les vallées de l’Yvette et du Rhodon.

Lucie Ditte, alors veuve et seule depuis la mort de Marie-Jeanne en 1904, fait construire entre 1904 et 1905 le manoir voulu par Henry Georges. Sur le modèle d’un rendez-vous de chasse autrichien, il domine les vallées grâce à ses deux imposantes tours. L’intérieur regorge d’œuvres d’art et de trophées de chasse. Il est un lieu de cercle littéraire, de rendez-vous de chasse mais aussi décor de fêtes somptueuses.

Pourtant en 1912, la veuve d’Henry Georges décide de vendre le domaine, peut-être du fait d’une mauvaise gestion de ses biens. La princesse Radziwill s’en porte acquéreuse et continue d’honorer le manoir de belles fêtes, dont se souviennent les habitants locaux. A partir des années 1930, le manoir tombe doucement à l’abandon. En parallèle, le tombeau aussi se fait oublier. Si la veuve d’Henry Georges y venait, son décès en 1928 marque la fin des commémorations de souvenir. Le tombeau, accueillant les cercueils d’Henry Georges, de Marie-Jeanne et Lucie, connaît alors ses premières dégradations.

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans l’histoire du domaine, qui perd son aspect de villégiature. Le Ministère de la Santé Publique occupe le bâtiment entre septembre 1939 et juin 1940. Puis, dès juillet 1940, 150 aviateurs allemands s’y installent et construisent un blockhaus. A leur départ, en 1943 ou 1944, ils pilleront le domaine, emportant notamment les œuvres d’art restantes.

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Photo Camille Blin

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La Princesse de Radziwill cherche alors à se débarrasser de ce domaine devenu encombrant et désuet. En 1940, elle trouve un acheteur, Marcel Bobet, propriétaire des dernières tanneries de Chevreuse. Il fait du domaine une vaste ressource en bois et n’occupe pas le château, qui connaît de multiples dégradations.

En 1945, René Dieleman, professeur d’arts manuels formé à l’Ecole des Beaux- Arts de Paris, recherche un lieu pour établir un centre de formation des jeunes au travaux manuels en région parisienne. Dans ses recherches, il trouve et tombe sous le charme du domaine du Claireau. Avec Marcel Bobet, ils parviennent à s’entendre sur un loyer bas en échange de travaux de rénovation du bâtiment. Dès lors débute l’aventure des Ateliers éducatifs du Claireau, qui accueilleront plus de quinze mille jeunes entre 1948 et 1967. Ils sont formés à de nombreuses disciplines, jusqu’à 14, telles que : la poterie, la vannerie, la photographie, le moulage... Des stagiaires de l’étranger viennent se former au Claireau, attirés par la renommée de ses professeurs, issus du réseau de René Dieleman. Parmi eux, on remarque André Wogenscky et Philolaos, des artistes attachés à la Vallée de Chevreuse.

La mort de Marcel Bobet en 1962 va durablement affecter le domaine. Le propriétaire aimait passer du temps au domaine mais sa veuve n’y est pas particulièrement attachée. Des hommes d’affaires récupèrent les finances de la famille, et imposent un loyer important à René Dieleman, qui ne peut payer. Dès lors, en 1967, s’éteignent les Ateliers éducatifs du Claireau.

L’année 1970 marque l’avènement d’une nouvelle ère dans le domaine. La famille Bobet se sépare du lieu et le vend à la société immobilière Kaufman & Broad. Celle-ci fait don à l’ONF d’une partie du terrain, dont le tombeau, et viabilise l’espace de construction pour 161 maisons individuelles. Au début du projet, le manoir devait être conservé comme club house de la résidence. Mais les travaux de réhabilitation et la perspective de frais d’entretien importants mettent à mal cette ambition. Le château est rasé en 1972. A la même période, le tombeau, déjà à l’abandon, est profané. Il n’accueille actuellement plus aucun cercueil.

Aujourd’hui, le tombeau, très dégradé, est la dernière trace de l’histoire du domaine. Le toit est tombé, le tombeau est tagué et envahi de végétation et sa structure menace de tomber.

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CEeP agit pour sa sauvegarde ! Nous sommes en train de penser, en association avec l’ONF et le PNR, un projet global de valorisation du lieu (panneau, chemin d’accès, nettoyage..). Si les visites furent un premier jalon, le projet prend forme.

Restez connectés pour suivre l’avancée du projet ! 😉

A venir, la vidéo de la visite du tombeau. L’occasion de (re)découvir le tombeau à distance et de manière complète.

Pour toutes questions ou information supplémentaires : contactez-nous.

En charge du projet du tombeau, Aubane Leproust : aubane.leproust@etu.univ-paris1.fr.

Photo Camille Blin

Cet article s'appuie sur  l'important dossier publié par l'association 

Mémoire de Chevreuse sur le Tombeau Montgomery dans son Bulletin n°4 de 2006.

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